Thématique du colloque

L’évaluation est indissociable de la formation et, à ce titre, elle est omniprésente dans le fonctionnement quotidien des enseignant-e-s et des formateur-trices. De tous temps, ils-elles ont été et se sont formé-e-s à évaluer les savoirs, les habiletés, les capacités et les compétences des formés. Dans le même sens, les étudiant-e-s et les élèves, plus généralement les participants à la formation et même les institutions sont régulièrement appelés à produire une autoévaluation de leurs d’apprentissages ou de leur fonctionnement. En définitive, que ce soit à l’école, par l’introduction de démarches ou d’outils spécifiques, dans les formations professionnelles où la dimension réflexive a pris une grande importance, ou parce qu’aujourd’hui on s’intéresse davantage au processus d’apprentissage (de formation) ou encore aux conditions qui permettent la réalisation de toutes sortes de tâches, l’évaluation et l’autoévaluation sont devenues des composantes essentielles à la fois pour les apprenant-e-s, les enseignant-e-s mais également pour les institutions. A ce titre, la formation à l’évaluation (conçue dans un continuum entre hétéro-évaluation et autoévaluation) représente un enjeu important dans les systèmes scolaires et de formation.

Le 25ème colloque de l’ADMEE à Fribourg se propose d’aborder la thématique des espaces de formation à l’évaluation et à l’auto-évaluation. L’idée d’espace peut renvoyer à différents angles de vue pour problématiser le questionnement. Le premier est l’angle topologique qui renvoie aux lieux dans lesquels les formations s’actualisent et à leurs configurations spécifiques. Le second angle possible est celui de la didactisation qui renvoie aux objets traités dans les formations, aux dispositifs et plus globalement aux cursus proposés aux apprenant-e-s. Enfin, il est possible d’approcher le thème sous un angle socioculturel et historique qui convoque les contextes, les acteurs sociaux, les processus historiques et leurs influences. Ces trois angles, qui se se combinent, sont porteurs de tensions, de paradoxes et peuvent révéler des relations inattendues qu’il est possible de thématiser dans chacun des trois axes suivants :

  1. Axe 1 : dispositifs de formation et outils

  2. Ce premier axe est celui des différents dispositifs de formation et outils proposés dans le cadre de la formation à l’évaluation.

  3. Cet axe examine les lieux, les institutions et l’insertion de l’évaluation dans les programmes de formation. C’est ici l’occasion d’interroger les situations de formation : classe, terrain, cours, espaces hors institution, espaces virtuels, .... A quel moment et de quelle manière la formation à l’évaluation devient-elle un objet d’enseignement en soi ? L’évaluation se développe-t-elle exclusivement dans un contexte formel ou est-elle également favorisée par des contextes informels, voire quotidiens ? Il est également possible d’analyser les dispositifs de formation en tant que tels. La conception d’outils propres à développer les compétences évaluatives mais encore les processus d’élaboration des savoirs sur l’évaluation qui sont enseignés constituent des sources de questionnement intéressantes. Enfin, cet axe est aussi l’occasion d’interroger les rapports entre les différents acteurs (enseignant-e-s et apprenant-e-s), les appropriations implicites ou informelles de l’évaluation et/ou de l’autoévaluation, les influences culturelles liées aux univers professionnels ou aux contextes différents. Existe-t-il une culture de la formation à l’évaluation propre à des champs disciplinaires ou professionnels ?

  4. Axe 2 : apprentissage de l’évaluation / de l’autoévaluation

  5. Ce deuxième axe est celui de l’apprenant-e durant son parcours de formation et de son appropriation des compétences évaluatives et auto-évaluatives.

  6. Cet axe interroge les espaces d’appropriation des compétences à évaluer. Il s’agit ici de s’interroger sur comment se développent les compétences évaluatives et auto-évaluatives ? Existe-t-il des « terrains » plus favorables que d’autres à leur développement ? Il peut être question des curricula cachés, par exemple dans des cours sur l’évaluation induisant des impératifs de cohérence entre les formations à l’évaluation et les manières d’évaluer les apprentissages des étudiant-e-s dans ce domaine. Il est également possible de questionner les articulations entre ce qui pourrait relever d’un développement « naturel » (et informel) des aptitudes évaluatives ou autoévaluatives d’un individu et ce qui s’attacherait plutôt à des apprentissages spécifiques et structurés. Dans quelle mesure est-il possible de s’appuyer sur le premier (développement naturel) pour asseoir le second (apprentissage formel). Enfin, peut-on déceler des cultures incompatibles avec l’autoévaluation ou, au contraire, d’autres qui présentent des avantages indéniables ?

  7. Axe 3 : Impacts et effets de la formation à l’évaluation

  8. Ce dernier axe permet d’examiner les effets d’une formation à l’évaluation sur les objets enseignés autres que l’évaluation elle-même, voire les effets sur des compétences visées par le dispositif global de formation.

  9. Ce dernier axe interroge les effets qu’une formation à l’évaluation ou à l’autoévaluation peut avoir sur le fonctionnement des établissements ou des institutions. Dans quelle mesure est-il possible de les objectiver, d’identifier ce qu’ils induisent en matière de sélection, d’émulation ou de concurrence. Comment ces effets s’expriment-ils sur les individus et modulent-ils leur capacité à s’autoévaluer, le développement de leur autonomie et leur capacité à réagir ou à s’adapter ? Une formation à l’évaluation peut en outre avoir un impact sur l’enseignement des disciplines, sur le développement des compétences et sur les apprentissages réalisés, notamment lorsque des outils ou des technologies spécifiques sont utilisés. Des impacts peuvent également se produire sur les relations entre les différents acteurs. En ce sens, une formation à l’évaluation peut-elle mettre en cause des rapports hiérarchiques ou constituer un facteur de changement important de la culture des établissements ou des institutions ?

Les trois axes proposés, enrichis par les trois angles mentionnés plus haut (topographie, didactique ou socioculturel) visent à croiser des approches théoriques et méthodologiques différentes sur la problématique des espaces de formation à l’évaluation. L’objectif de ce 25è colloque de l’ADMEE-Europe est d’aborder cette thématique de manière très ouverte et d’offrir des conditions propices à des points de rencontre et de débat entre chercheurs-chercheuses, praticien-ne-s et responsables d’institutions éducatives.

[télécharger la thématique du colloque]

Evaluation et autoévaluation

Quels espaces de formation ?